
Alors que les températures estivales s’élèvent, la sécurité des ouvriers devient une priorité de santé publique. En Valais, un dispositif innovant — le bracelet-alarme contre les coups de chaleur — s’inscrit dans une stratégie globale portée par l’État, les entreprises, les partenaires sociaux et les associations professionnelles.
Face à des épisodes de chaleur de plus en plus fréquents et intenses, le canton du Valais renforce son dispositif de prévention sur les chantiers. Grâce à une collaboration étroite entre l’État, les partenaires sociaux, les entreprises et les associations professionnelles, des mesures concrètes sont mises en place pour protéger efficacement les travailleurs exposés.
En première ligne, un bracelet-alarme innovant s’est révélé être un outil précieux. Testé dès l’été 2024 sur une centaine d’ouvriers valaisans volontaires, il a permis d’alerter les porteurs avant l’apparition de symptômes de coup de chaleur. Le principe: une alarme se déclenche avant que la température corporelle n’atteigne un seuil critique, incitant le travailleur à faire une pause, à s’hydrater ou à se mettre à l’ombre. Ce dispositif agit non seulement comme un système d’alerte, mais aussi comme un outil de sensibilisation individualisé, en encourageant l’autorégulation et l’écoute de son corps.
Projet pilote élargi
Les résultats de cette phase pilote ont permis de tirer plusieurs enseignements majeurs. Tout d’abord, les risques liés à la chaleur sont bien présents même en dehors des périodes d’alerte canicule officielles. Plus des deux tiers des alarmes enregistrées l’ont été par des températures inférieures au seuil d’alerte (25 °C de moyenne sur trois jours). La croyance selon laquelle l’altitude protège des coups de chaleur a par ailleurs pu être écartée. Plusieurs alarmes ont en effet été déclenchées entre 1’200 et 1’900 mètres.
Fort de ce succès, le dispositif est reconduit et élargi en 2025. Cet été, 70 ouvriers de différents corps de métiers extérieurs (gros œuvre, goudronnage, charpente) participent à une deuxième phase de tests. Parallèlement, 100 collaborateurs de l’industrie (métallurgie, chimie) sont également équipés.
«Pour nous, ce projet s’avère particulièrement pertinent dans le sens où il permet de prendre en considération les données individuelles de chaque travailleur», évoque Laurence Gaillard-Quennoz, directrice de l’entreprise Evéquoz, qui participer aux essais avec son équipe chargée de réaliser les revêtements bitumineux. «Cette approche offre ainsi la possibilité d’éviter de devoir prendre des mesures globales, comme l’arrêt des chantiers. Pour nos collaborateurs, c’est également un moyen de leur démontrer notre préoccupation quant à leur bien-être sur le terrain.»
Pour le responsable technique Tiago Teixeira, cette deuxième phase de test permet aussi de corréler des données intéressantes. «Le bracelet prend la température interne de la personne, tandis qu’une antenne installée sur nos machines mesure l’humidité ambiante. La prise en compte de ces deux paramètres s’avère des plus importantes puisque l’humidité limite la capacité de l’organisme à réguler sa température via la transpiration.»
En termes opérationnels, le Canton prend en charge le suivi des données via des outils de monitorage, tandis que les commissions paritaires financent les bracelets. En complément, l’État valaisan appelle les communes à adapter leurs règlements pour faciliter les horaires décalés sur les chantiers, autorisant par exemple le début des travaux dès 05h30 en cas de fortes chaleurs (dès 28 °C à l’ombre). Les maîtres d’ouvrage publics sont aussi invités à renoncer aux pénalités contractuelles en cas de retard lié à ces conditions extrêmes. Objectif: concilier santé des travailleurs et continuité des projets, sans sacrifier la sécurité. Ce dispositif gagnant-gagnant démontre qu’une approche concertée peut permettre d’allier prévention, sécurité des travailleurs et souplesse organisationnelle par l’intermédiaire de l’innovation technologique.