
Durant ces cinq dernières années, le site haut-valaisan de Lonza a doublé ses emplois, passant de 2500 à 5000 travailleurs. Une croissance considérable, qui dope l’économie valaisanne dans un secteur d’activité stratégique. En même temps, ces développements se traduisent par des besoins soutenus dans la construction. Pour la branche, la question centrale qui se pose est celle du respect des conditions de travail et, plus largement, du maintien d’un tissu économique et industriel sain, régi par le respect de règles éthiques et concurrentielles équitables. Ce qui passe par le respect des conventions collectives de travail (CCT) du canton et un travail mené sur le terrain par l’Association pour le Renforcement des Contrôles sur les Chantiers de la Construction (ARCC).
« Nous suivions déjà les avancées de Lonza à Viège depuis 2019, année durant laquelle nous avons élaboré la convention qui nous lie », précise Paul Bovier, président de l’ARCC. « L’une des principales victoires de cet accord consiste à se baser sur la CCT du lieu d’exécution, soit le Valais, et cela quel que soit l’emplacement du siège des entreprises actives sur le chantier. »
Un gain considérable, qui permet de limiter les risques de dumping salarial, en particulier dans un projet d’une telle envergure, où la pression sur les entreprises en termes de délais s’avère importante. Suite à une forte demande pour travailler sur site le samedi, il a été convenu de rediscuter les termes de la convention existante. « Depuis février, nous avons entamé une nouvelle phase de discussion avec Lonza afin de mieux définir certaines dispositions de la convention », rappelle le vice-président de l’ARCC Bernard Tissières. «Beaucoup d’entreprises sont impliquées dans ces chantiers, avec jusqu’à 400 ouvriers par jour présents sur site. Dans ce contexte, il faut veiller à réguler l’activité au maximum pour éviter l’anarchie.»
Accord exceptionnel
Au final, les discussions, acceptées officiellement par l’employeur en août et ratifiées par l’ensemble des Commissions professionnelles paritaires de la branche, ont abouti à un assouplissement des conditions d’octroi de dérogations en vue du travail du samedi. La convention précise que le travail du samedi est interdit en Valais, mais les entreprises qui en déclarent le besoin peuvent déposer une demande de dérogation. Si celle-ci est munie de tous les documents nécessaires au contrôle, une autorisation est délivrée. Lonza se porte par ailleurs garante des amendes pouvant être infligées aux sociétés qui ne sont pas en règle. Cet accord doit demeurer exceptionnel : il n’est pas prévu pour d’autres projets de construction.
«Pour les entreprises en ordre, nous octroyons la possibilité de travailler quatre samedis, avant qu’elles doivent à nouveau déposer une demande avec justificatifs», ajoute Paul Bovier. «Nous avons cependant bien précisé à Lonza que le programme de travail doit être fait dans la mesure du possible sur cinq jours ouvrables, et non sur six, ceci afin d’être le plus conforme avec nos conventions collectives valaisannes. Dans le canton, les entreprises ne travaillent en principe pas les samedis, sauf autorisation octroyée pour les situations à caractère d’urgence par leur commission paritaire sur notre plateforme www.travaildusamedi.ch. Pour l’ARCC, ces contrôles nécessitent par ailleurs de former les personnes chargées de les effectuer sur le terrain. Globalement, nous avons pu observer que les entreprises actives le samedi sont en ordre. Les contrôles que nous effectuons les poussent d’ailleurs à s’assurer que leur activité est régularisée.»
La convention qui lie l’ARCC à Lonza s’applique uniquement aux travaux d’investissement du fournisseur de l’industrie pharmaceutique, soit ceux qui visent le développement et l’extension de son activité, et non ceux liés à la maintenance de ses infrastructures existantes. L’accord devrait en outre être prolongé jusqu’en 2028.